Un gushé (littéralement coin ou angle) est une séquence mélodique dont un certain nombre, se succédant dans un ordre déterminé, constitue un avâz (ou dastgâh). L'étendue mélodique d'un gushé ne dépasse que très rarement 4 ou 5 notes. Chaque gushé a une échelle modale qui peut être différente de celle du dastgâh ou du avâz auquel il appartient. De même, la hiérachie des degrés (Shahed, Ist, Motoghayer, etc.) qui peuvent aussi être différente de celle du dastgâh auquel il appartient (certains gushés sont des modulations : par exemple le Gushé Chahârgâh en Homâyoun).
D'une manière générale, on peut distinguer plusieurs types de de gushés
- Ceux ont une fonction rythmique-mélodique (comme Kereshmeh, Basteh-Negâr, Jameh Darân, etc.)
- Ceux ont des fonctions modales déterminées :
- les Darâmads qui servent à établir les caractéristiques modales du dastgâh (note d'emphase, foroud, etc)
- Des gushés qui, tout en ayant un contenu mélodique, sont des passerelles pour les modulations (soit par déplacement de shahed (comme Shushtari en Homayoun ou Zâbol en Segâh), soit par altération des degrés (par exemple Oshâq ou Rohâb qu'on utilise pour moduler en Shour, Delkash en Mahour, etc.))
- Enfin des gushés qui sont des simples mélodies empruntées à la musique populaire ou folklorique (par exemple Chahâr Pareh en Mâhour ou Mehrabâni en Bayât Tork)
On peut noter que l'usage de ce terme remonte à Abd al-Qâder Marâghi (mort en 1434) qui l'utilisa la première fois dans son manuscrit Sharh al-adwâr. Cependant, dans l'œuvre de Marâghi, un Gushé est l'une des 48 subdivisions des 6 Avâz.